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Philippe Bassuet
14 Juin 1949 - 12 Novembre 2023

Depuis les fêtes dans les caves à vin du Val de Loire, en passant par le marché de l’immobilier parisien des années 80, mais aussi  par une tentative de vente d’une mine en Thaïlande, puis en devenant le pionnier du premier chat en ligne, et, enfin en transformant le plus petit snack de Papeete en l’endroit le plus fréquenté de la ville, voilà l'histoire d'un homme hors du commun.

Philippe est né dans la petite ville tristounette de Loudun le 14 juin 1949. Située dans la Vienne, au sud de Saumur, la région est célèbre pour ses vins rouges faciles à boire tels que le Bourgueil, le Saumur et le Chinon qui sont servis dans de nombreux bistrots français. Loudun est également célèbre pour des faits d’horreur, qui ont construit la réputation de la ville et nourri l'imagination de Philippe lorsqu'il était enfant :
 
Loudun, en 1634, fut le théâtre de la célèbre exécution par le feu du prêtre Urbain Grandier, racontée dans le film « les Diables » ou dans le livre « les possédés de Loudun ». L’abbé fut accusé de sorcellerie pour avoir séduit les nonnes du couvent des Ursulines et devint un symbole d’hystérie collective et de chasse aux sorcières.
 
Dans la période de l'après-guerre, Loudun fut également le théâtre de l’affaire Marie Besnard, l’empoisonneuse de Loudun, accusée d’avoir empoisonné à l’arsenic pas moins de 12 personnes, successivement son mari, des membres de sa famille dont elle hérita et des habitants de Loudun qui possédaient quelques biens, donnés en viager à Marie Besnard avant de succomber. Elle fut acquittée au motif que la terre du cimetière de Loudun contenait naturellement de l'arsenic, ce qui aurait pu contaminer les corps des victimes post mortem. Elle a passé le reste de sa vie à profiter de sa richesse et de sa renommée, après un procès hautement médiatisé qui a duré près de 15 ans. Les parents de Philippe, qui habitaient non loin de la maison de Marie Besnard, racontaient que des habitants de Loudun se prosternaient devant elle dans la rue pour lui demander pardon d’avoir témoigné contre elle au procès.
 
Philippe a passé son enfance dans ce pays agricole assez sinistre. Il enjambait les murets de clôtures à la recherche de trésors cachés selon les légendes locales, ou bien il pêchait dans les cours d’eau. Dès son plus jeune âge, il fuyait la maison pour échapper à l'autorité de sa mère et aux querelles incessantes de ses parents.
 
Il était le fils de Marie-Louise et de René Bassuet. Après leur mariage, Marie Louise a voulu quitter Paris pour éloigner le père de Philippe de sa vie trépidante dans le Paris d’après-guerre et mener une vie de couple tranquille en province. C’est ainsi qu’ils s’installèrent à Loudun, ce qui fut, pour le moins, un changement de vie brutal pour René.
Philippe avait l'habitude de parler affectueusement de son père et il avait le sentiment d’être passé à côté de la relation père/fils en raison des critiques incessantes de sa mère à l’encontre de son mari.
 
Philippe a grandi auprès d’un père dont la vie a été brisée par la guerre. Avant la guerre, René était cadre chez Pechiney Aluminium, il avait un niveau de vie aisée, un bel appartement et aimait profiter de Paris avec sa première épouse. Le couple sortait beaucoup et fréquentait le monde de l’art et du spectacle. Mobilisé durant la guerre, il a confié la protection de son épouse adorée à son meilleur ami, Cino Del Duca, italien, grand patron du monde de la presse et de l’édition. René fut fait prisonnier par les Allemands.  Malheureusement, son épouse lui écrit alors qu’elle était tombée sous le charme de Cino Del Duca et de la vie fastueuse qu’il lui offrait. Enragé par la nouvelle, obsédé par la volonté de venger son honneur et de récupérer son épouse, René organisa une évasion et entraîna dans sa fuite une partie de ses codétenus. Repris par les Allemands, il fut dès lors considéré par eux comme un individu dangereux et envoyé dans un camp plus éloigné. René ne renonça pas. Il organisa une nouvelle évasion et, cette fois-ci, fut arrêté et envoyé en tant que « prisonnier-résistant » dans le camp disciplinaire de Rawa-Ruska, un des camps de représailles les plus durs,. Il y a vécu l'horreur des camps de la mort, beaucoup de ses compatriotes sont morts. Lui a survécu grâce à sa petite stature qui lui permettait de supporter plus facilement le manque de nourriture. Plus tard, vers la fin de sa vie, il perdit la tête et fut obsédé par l’idée de s’évader comme il l’avait fait des camps allemands.
Le père de Philippe aimait à dire que sa vie, après les camps, était comme un bonus inespéré, ce qui lui donnait une forme de détachement et d'humour par rapport aux soucis du quotidien. De son père, Philippe a hérité l’élégance, le raffinement, son savoir vivre un peu « vieille France » et un désir insatiable de liberté.
 
Après-guerre, les idées de vengeance oubliées, René rebondit en créant une entreprise de commercialisation de Champagne, retrouvant ainsi un semblant de sa vie parisienne d’avant. C’est certainement ce qui a séduit sa future deuxième épouse, Marie Louise, la mère de Philippe, quand elle l’a rencontré au Mimi Pinson dancing sur les Champs Élysées.
 
Elle était veuve alors, travaillant dur pour élever seule ses deux filles. Après quelques années à Loudun, où elle avait entrainé René, elle a décidé de le faire investir dans l’achat de la commanderie du château de Montsoreau en bord de Loire, dans un cadre beaucoup plus souriant. Elle y réalisa son rêve de créer un hôtel restaurant, qui pris le nom de « La Commanderie ». Au fil des ans, la personnalité de la mère de Philippe, de plus en plus autoritaire et belliqueuse, encourageait son fils adolescent à fuir la maison. Cependant, sa mère avait un grand talent pour la cuisine et les arts culinaires français. Ce goût et ce talent, elle les a transmis à son fils. La cuisine de « La Commanderie » devint rapidement célèbre dans la région, avec des plats classiques de la vallée de la Loire, tels que le brochet au beurre blanc, le filet de marcassin et de chevreuil sauce Grand Veneur, les écrevisses à la nage, les asperges sauce mousseline etc...Tout au long de sa vie, Philippe a gardé les recettes écrites de la main de sa mère et y ajoutait les siennes. Jusqu'à ses derniers jours, Philippe conseillait des recettes à son fils, jusqu’au dîner de Noël de 2023.  
 
Philippe, qui avait le goût et des facilités pour les mathématiques, intégra l'Université de Tours en 1968, pour préparer une licence en mathématiques et physique. Habitué à l’environnement de la restauration, il est rapidement devenu célèbre sur le campus, davantage pour son talent à organiser des fêtes que pour ses prouesses aux examens.
Les côteaux de la vallée de la Loire sont des falaises calcaires, exploitées par les habitants qui y ont creusé des habitations troglodytes, ou des caves à vin à température constante, idéales pour la conservation du vin. Philippe et sa bande d’amis, au plus fort de la vague de musique rock américaine en France et de l’arrivée de la Bossa Nova, y organisaient des fêtes très fréquentées, où chacun dansait au milieu de barils de vin géants et chantait des chansons paillardes. C'est aussi la période où la jeune Claudine Hoyau a rejoint l'Université de Tours pour faire des études de littérature française avec l’objectif de devenir professeur de lettres.
 
Claudine a rencontré Philippe pour la première fois dans son appartement avec ses amis pour organiser une fête. Ce fut une des seules fois où il décida d’étudier, il refusa la fête sous prétexte d’un examen à venir. Ce n'est que deux ans plus tard que Claudine et Philippe se rencontreront et tomberont amoureux.
 
L'intérêt de Philippe pour les mathématiques ne se concrétisa pas dans les diplômes, mais dans les jeux de cartes. Il était devenu un expert du Tarot, un jeu qui nécessite un esprit de calcul, de stratégie et d’anticipation. Avec un cercle d'amis, assis sur les marches de l'université, il jouait de l'argent et défiait n'importe qui pour une partie qui lui fournirait l'argent pour organiser des fêtes, ou remplir le coffre de sa voiture de bouteilles de champagne.
 
Claudine, elle, grandit à Tourcoing, dans le Nord, l'une des capitales textiles de l'Europe au début du 20ème siècle. Sa mère, Rolande, avait travaillé un temps comme modiste avant la naissance de ses 2 filles, alors que son père était directeur d’une usine métallurgique. Ils s’installèrent dans la vallée de Loire quand Claudine eut 18 ans, à la retraite de leur père, grâce en partie à l’argent que sa maman avait gagné à la Loterie Nationale. Le père de Claudine, André Hoyau, d’une moralité sans faille, était l’incarnation de la France du début du XXe siècle. Les parents de Claudine s'aimaient beaucoup et créèrent un environnement de stabilité, de respect mutuel, de responsabilité et d'éthique solide. Claudine était l'extravertie de la famille. Elle imagina sa vie à travers les livres quelle dévorait ou à travers le dessin lors de ses promenades sur les rives du Cher au pied du château de Chenonceau, en fantasmant sur les personnages de ses auteurs préférés, Musset, Racine, Flaubert, Stendhal... et en rêvant sa vie.
 
Lorsqu'elle rencontra Philippe, il lui apparut comme un personnage de ses romans, il ressemblait à Gérard Philipe incarnant Julien Sorel dans Le Rouge et Le Noir. Son physique, son allure et ses manières se démarquaient de toutes les personnes de son entourage. Claudine devint la muse de Philippe, tandis que lui créait autour d’elle un univers fantasque et plein d’imprévus qui l’enchantait. À partir de ce moment, Claudine et Philippe deviendront des partenaires inséparables jusqu'au décès de Philippe en 2023.
 
Philippe partit pour son service militaire en 1970, il fut affecté au “chiffre” dans le cryptage des messages. A son retour, les parents de Philippe proposèrent au jeune couple de rénover et d’exploiter un nouvel établissement hôtelier dont ils firent l’acquisition à Tours après la vente de Montsoreau, pour assurer leur retraite.  Pour se préparer au métier, Philippe travailla au cercle de jeu privé le Grand Cercle de Paris, tandis que Claudine fut embauchée au Royal Hôtel de Tours et interrompit ses études après sa maîtrise de lettres. Ensuite, le couple s’attela, jour et nuit, à rénover l’établissement de 25 chambres, pour transformer l’ancien “Hermitage Hôtel” en un bel hôtel assez luxueux sur la colline de Sainte Radegonde à Tours.
 
En 1972, alors que les travaux se terminaient, Philippe et Claudine se marièrent. Deux ans après, l’Hermitage hôtel rebaptisé “l’hôtel restaurant la Commanderie” tournait à plein régime quand Claudine donna naissance à son fils Alban, en 1974. Malheureusement, la personnalité de Marie-Louise est devenue de plus en aigrie et elle faisait vivre un enfer à tout son entourage. Finalement, Philippe et Claudine en ont eu assez et ont décidé de quitter la région pour déménager à Paris et commencer une nouvelle vie.
 
Ce fut dans l’immobilier que Philippe démarra sa vie professionnelle à Paris, grâce à Michel Vardi, le mari de Monique, la sœur de Claudine, qui lui mit “le pied à l’étrier”. Claudine, quant à elle, commença à travailler dans une entreprise d’électronique. L'augmentation rapide de la population à Paris et dans sa banlieue a provoqué une augmentation des besoins en prêts bancaires. Leur réglementation était encore assez floue en France au début des années 80. Pour rendre l'accession à la propriété plus abordable pour les primo accédants de la classe moyenne, de nombreuses agences immobilières gonflaient la valeur des propriétés pour obtenir des montants de crédits plus importants auprès des banques et ainsi réduire le montant de l’apport personnel nécessaire. Philippe est arrivé sur ce marché lorsqu'il était à son apogée, beaucoup de ses collègues s’y étaient enrichis. C’est alors qu’il repèra des nouveaux marchés à prix abordables dans la banlieue sud de Paris et décida d'ouvrir sa propre agence, à la Porte d'Italie.
 
Avec la croissance des banlieues, son agence, très active, devint l'une des agences les plus importantes du sud de Paris et Philippe participa largement au peuplement de certaines villes comme la nouvelle ville de Grigny. Il faisait des centaines de ventes par mois et traitait un gros chiffre d’affaires entre les banques et les notaires. Philippe ouvrit trois autres agences pour couvrir les banlieues Nord, Ouest et Est de Paris.
 
L'une des clientes de Philippe travaillait dans la multinationale S.C.Johnson et, un jour, Claudine décida de l'appeler. Elle fut embauchée comme commerciale et, petit à petit, Philippe et Claudine se mirent à grimper les échelons de la société française. Au milieu des années 80 Philippe dépensait beaucoup d’argent dans les restaurants, les voitures et les boutiques de luxe, les vacances en Corse, tandis que Claudine assurait le quotidien et économisait pour acheter une maison.
 
L'un des collègues de Philippe, originaire d’Asie, le mit alors en relation avec un groupe d'investisseurs thaïlandais, intéressés par l’achat d'une mine de bauxite. Philippe fut invité à Bangkok pour rencontrer les investisseurs. Il y fut reçu avec faste et invité dans des restaurants et des hôtels très chics, véhiculé en limousine, au début du Bangkok moderne où les éléphants traversaient encore les autoroutes. Ils voulaient évidemment l'impressionner et lorsqu'on lui présenta les détails de la transaction, Philippe se rendit compte que l'achat de la mine était en fait une opération de blanchiment d'argent. Alors que Philippe avait toujours vécu un peu en marge de la société, il paniqua et refusa le contrat. Il quitta rapidement la Thaïlande et pendant de nombreuses années après cet événement, il a craint les représailles de “ces investisseurs”, ce qui ne s'est jamais produit.
 
Lassé du métier d’agent immobilier, il décida de se concentrer sur les prêts immobiliers et créa en parallèle une société qui aidait les acheteurs à monter leur dossier de crédit.  Il avait constitué un réseau de banquiers et de notaires qui l'appréciaient pour le volume d’affaires qu’il apportait et la fiabilité de ses dossiers. Par générosité et altruisme, Philippe utilisa son influence pour aider de jeunes emprunteurs non-qualifiés des classes moyennes, comme des policiers ou des pompiers, à obtenir leur demande de prêt immobilier. Philippe était fier qu'aucun d’eux n'ait jamais failli à ses échéances de prêt, car ces emprunteurs, qui devinrent des clients fidèles, étaient très reconnaissants d’avoir réussi, grâce à lui, à obtenir leur crédit.
Alerté sur ce marché en croissance et peu réglementé, le gouvernement français a commencé à imposer une nouvelle législation pour les prêts hypothécaires. Les “sur-déclarations” de prix de vente des biens furent traquées. L'activité de Philippe fut interrompue en raison de soupçons de fraudes fiscales, qui en fin de compte se sont révélées infondées.
 
De son côté, Claudine a gravi les échelons dans sa carrière professionnelle et a pu subvenir aux besoins de la famille malgré les mésaventures de Philippe dans l'immobilier. Elle a évolué de directrice commerciale jusqu’au poste de directrice générale dans de grandes multinationales telle que le groupe Unilever et elle a créé un réseau national de distribution en hygiène professionnelle. Claudine avait acheté une maison à la Queue-en-Brie, dans le Val-de-Marne en banlieue parisienne. Philippe a pris quelque temps pour se remettre de l’arrêt de son activité immobilière et en a profité pour s’occuper de la maison et prendre soin de Claudine qui rentrait souvent de voyages d’affaire révoltée par les attitudes machistes des hommes envers la réussite des femmes dans les années 80-90.
 
Le nouveau projet de Philippe prit place dans le domaine des télécommunications. Avant l'essor de l'Internet mondial, la France, qui se distinguait par son ingénierie des télécommunications, avait développé dans les années 90 une forme primaire de communication numérique utilisant de petits ordinateurs appelés “le minitel”. Les minitels utilisaient des lignes téléphoniques et étaient fournis gratuitement par la Poste en contrepartie d’un coût de communication plus élevé que le téléphone. Les gens pouvaient utiliser le minitel pour faire une recherche dans l’annuaire téléphonique, jouer à des jeux et, pour la 1ère fois dans l’histoire, rejoindre des salons de discussion en ligne. En avance sur la tendance, Philippe avait remarqué l’attraction des gens pour le minitel et il décida de créer un serveur pour héberger les jeux et les chats en ligne et négocia une réduction du coût de la communication avec La Poste. Cela démarra par une commande auprès de La Poste de 360 lignes téléphoniques installées à domicile, ce qui fut un choc pour leurs voisins, lorsque le câble fut creusé vers leur zone résidentielle. Le serveur analogique remplit une chambre entière, cliquant toute la journée et toute la nuit. Les jeux et les chats devenaient très populaires en France et Philippe décida alors de déménager son entreprise à Paris. Son espace de bureau était encombré d’un énorme stock de cadeaux que les joueurs en ligne venaient chercher. Le chat était une opération plus rentable quand il parvenait à garder les clients connectés pendant de longues périodes. Les salons de discussion ssont finalement devenus des discussions érotiques, pour lesquelles Philippe avait embauché un certain nombre d'acteurs pour divertir leurs invités en ligne. Plusieurs soirs par semaine, Philippe partait en voiture pour accrocher les publicités de ses sites dans tous les endroits possibles. Il remplaçait, dans le coffre de sa voiture, les bouteilles de champagne de sa jeunesse par de la colle et du papier.
Finalement, au bout de quelques années, la montée d'Internet remplaça le minitel français, et, une fois de plus, Philippe dut arrêter son business. A cette période, leur fils Alban partit aux États-Unis. Peut-être parce que son père l’avait sensibilisé à la musique et à la science, Alban avait étudié l'ingénierie du son et fait des études approfondies en acoustique. Il partit à New York pour poursuivre sa carrière dans le domaine de l’acoustique architecturale. Claudine était devenue lasse de l'environnement des grosses entreprises internationales, elle continua à travailler dur pour soutenir sa famille, mais une fois que leur fils unique fut parti, Philippe et Claudine commencèrent à réfléchir à leur prochaine aventure, en dehors de l'hexagone français cette fois-ci.
 
Tout au long des années 90, Philippe et Claudine avaient fait, chaque année, un long voyage à l'étranger, parcourant la planète à la recherche d'un endroit où vivre et peut-être prendre leur retraite. Après avoir envisagé le Brésil, le Vietnam, et l’île Maurice, c’est Tahiti qu’ils choisiront en trouvant par hasard une annonce de vente d’un snack à vendre à Papeete. Cette destination offrait l’avantage d’être un territoire français, avec des habitants joyeux et accueillants, un environnement paradisiaque et une infrastructure sanitaire correcte. Ils décidèrent de vendre leur maison, leurs voitures et de vider leurs comptes bancaires pour acheter le snack et commencer une nouvelle vie à Tahiti. Ils avaient un peu plus de 50 ans lorsqu'ils quittèrent définitivement la Métropole.
 
Tous deux avaient eu beaucoup d'expérience des métiers de l’hôtellerie dès leur jeunesse. Ils élevèrent les normes de qualité et de goût des produits du snack au-dessus de beaucoup d'autres à Papeete. Son nom, « Le Motu », décrit un petit îlot dans l'océan. Philippe dirigeait le personnel et avait préparé avec Claudine de savoureuses recettes de sandwichs et de salades composées. À son apogée, le snack était si populaire que les files d’attente bloquaient la circulation automobile en ville. Et parce que Philippe était toujours très galant avec les femmes et drôle avec les hommes, parce qu’il servait des bons plats pour le déjeuner, le snack est devenu une véritable institution et le rendez-vous incontournable de toutes les personnes qui travaillaient en centre-ville à Papeete.
 
Philippe a dirigé le Motu pendant plusieurs années, mais sa consommation d'alcool a commencé à nuire à l'entreprise. Claudine, en parallèle, a créé un centre de formation, de conseil et de coaching grâce à ses années d'expérience du management dans des entreprises multinationales. Ceci a permis d’assumer le coût élevé de la vie à Tahiti. Finalement, ils ont vendu le snack car Philippe a connu ses premiers ennuis de santé. Claudine a élargi son centre de formation à de multiples domaines, agrandi ses locaux et acquis une excellente réputation dans toute la Polynésie française. Après de nombreuses années de travail, Claudine a vendu son entreprise. En 2016, Philippe et Claudine commencèrent leur retraite dans la maison qu'ils avaient conçue et construite sur les hauteurs de Tahiti, face à Moorea.
 
En fin de compte, le mode de vie de Philippe l'a rattrapé et les années d’excès ont provoqué un cancer du poumon qui s’est généralisé. Il est décédé à l'hôpital de Papeete le 12 novembre 2023.
 
Philippe avait vécu une jeunesse troublée. Il portait en lui les mœurs et les traditions d'une France plus ancienne, et, peut-être comme son père après les camps, il a vécu sa vie sans jamais rien prendre au sérieux. D'abord pour échapper à sa famille dysfonctionnelle, il a trouvé le bonheur dans les fêtes et les cartes, et, plus tard, dans l'entrepreneuriat, la cuisine, ses chiens et surtout l'admiration qu’il vouait à son épouse et le soutien qu’il lui apportait.
 
Philippe était un esprit libre et non conventionnel. La vie avec lui n'était pas facile, mais sa manière de se comporter dans la vie nous rappelle la fragilité et la préciosité du moment présent. Il nous inspire l’envie de vivre intensément, de ne pas gaspiller une seconde mais au contraire de déguster chaque moment de la vie.

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